Les entreprises face aux risques naturels : interview avec Régis Thépot

Publié le lundi 06 octobre 2025
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Entre résilience, prévention et collectif, Régis Thépot donne son point de vue sur l'importance de la prévention des risques naturels pour les entreprises.

interview régis thépot

Pourquoi avoir choisi de consacrer un ouvrage entier aux risques naturels en entreprise ?

RT - Les  aléas naturels et climatiques peuvent avoir des effets très importants sur l’activité économique et il est donc essentiel de sensibiliser les entreprises à ces enjeux.
Par exemple, pour les crues de mai-juin 2016 sur la Seine et la Loire les dommages aux entreprises ont représenté les ¾ des dommages assurés, estimés à un milliard d’euros.

Quels sont, selon vous, les principaux freins à la prise en compte des risques climatiques dans les entreprises ?

RT - Les dirigeants d’entreprises sont soumis à de très nombreuses sollicitations et contraintes, notamment sociales, économiques et financières et il paraît logique que les risques naturels et climatiques ne figurent pas dans leurs priorités. 
Ils peuvent aussi avoir le sentiment que ces aléas les dépassent ou qu’ils sont gérés à une autre échelle par les pouvoirs publics.

Tout l’enjeu est donc de les sensibiliser à l’importance de ces questions (qui peuvent conduire dans les cas extrêmes à l’arrêt définitif de leur activité), et au fait qu’ils peuvent, s’ils le décident, agir rapidement à leur propre niveau pour réduire ces risques dans leur entreprise.

Si vous deviez faire passer un seul message à vos lecteurs, quel serait-il ?

RT - Sans infrastructures de base (électricité, eau, transports, télécommunication, etc…) sans services éducatifs, sanitaires et sociaux et sans tissu économique solide, il est illusoire de penser que les habitants d’un territoire sinistré vont y rester. 
Si je n’avais qu’un seul message à faire passer, c’est donc le rôle absolument essentiel des acteurs économiques, à titre individuel et collectif, pour qu’un territoire puisse se relever rapidement après une catastrophe.

livre cnpp Risques naturels & climatiques en entreprise

Par où commencer lorsqu’on part de zéro ?

RT - La priorité est d’établir un autodiagnostic ou un diagnostic de sa vulnérabilité aux risques naturels et climatiques identifiés comme prioritaires. Et à partir de celui-ci de définir une stratégie programmée pour les réduire à court, moyen et long terme.
Je recommande également de dialoguer en confiance avec son assureur pour voir si les contrats d’assurance de l’entreprise sont adaptés à sa situation et si des mesures sont préconisées pour préserver son assurabilité à des conditions acceptables.
La mise en place d’une veille au sein de l’entreprise, la préparation d’un plan de continuité d’activité et d’actions d’urgence, ainsi que l’organisation régulière de formations et d’exercices sont également des mesures peu coûteuses qui peuvent s’avérer très efficaces pour réduire les risques.

prévenir les inondations en entreprise

Votre livre s’adresse-t-il aussi aux entreprises déjà engagées dans une démarche de résilience ?

RT - Une des clefs de l’action en la matière est la bonne perception des risques par le dirigeant ou le chef d’entreprise. 
Ce livre veut s’adresser à lui en direct, quelle que soit la taille de l’entreprise et son implication antérieure dans une démarche de résilience, en lui donnant des bases pour agir et en lui fournissant des éléments de réflexion pour aller plus loin, s’il le souhaite.

Comment les entreprises peuvent-elles agir collectivement pour renforcer la résilience des territoires ?

RT - La résilience des territoires face aux risques naturels et climatiques est une action collective impliquant toutes les parties prenantes et dans laquelle les entreprises ont un rôle essentiel à jouer. 
C’est notamment le cas au sein des zones d’activité économiques, qui représentent une part très importante de l’emploi salarié privé en France (la moitié de celui-ci est concentré dans 13.700 ZAE et le quart dans 350). 
Des stratégies collectives de réduction des risques sont à inventer et mettre en œuvre dans ces espaces, en priorité par leurs occupants et, si nécessaire, avec l’aide des pouvoirs publics.