Retour d'expérience : recherche des causes et circonstances d’incendie sur un site EDF

Le 30 janvier 2012, le site de production d’électricité, EDF, au Havre, subissait un incendie sur un groupe turbo alternateur.
Afin de comprendre ce qui s’est passé et éviter que cela ne se reproduise sur d’autres sites équipés de ces mêmes turbines, Eric JULLIEN, chargé de mission risques industriels et naturels pour l’ensemble des sites de la Direction de la Production du thermique à flamme, a sollicité CNPP pour plusieurs missions :- une Recherche des causes et circonstances d’incendie (RCCI), avec investigation sur site,
- des tests grandeur réelle et une modélisation afin de confirmer les hypothèses sur l’origine du feu,
- des tests sur la corrosion des matériaux.
Investigation sur site :
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Les premiers constats après sinistre sur site ont mis en exergue une évidente dégradation des matériaux : divers boitiers et câbles fondus, armoires électriques brûlées, peinture fortement dégradée…
On note que le feu s’est développé localement sous le plancher turbine jusqu’à la toiture de la salle des machines. De nombreux indices ont permis de déterminer la provenance du flux thermique : le feu a pris sous le plancher de la turbine à vapeur, à proximité des corps « haute pression ».
L’analyse des débris d’incendie a révélé la présence d’huile ; l’enquête a mis en évidence plus particulièrement un organe de fermeture des vannes vapeur piloté hydrauliquement par cette huile. Un test de reconstitution effectué sur cet organe (électrovannes) a permis de confirmer la fuite d’huile. On peut supposer que l’huile est ainsi entrée en contact avec une surface dont la température était supérieure à sa température d’auto inflammation. Cette fuite sous pression serait potentiellement à l’origine du feu.
Le bac de rétention mis en place pour contenir ces éventuelles fuites s’est lui aussi enflammé. Le feu a détérioré des armoires de commandes, des câbles électriques, des tubings, des calorifuges… d’autant qu’il s’agit d’une zone encombrée et confinée. La toiture montre des zones blanchâtres, des traces de déformations des supports métalliques et un certain nombre de skydomes brûlés indiquant que les flammes ont atteint la toiture.
Test de corrosion :
Grâce au prélèvement de suie effectué, la concentration en chlorure qui provient de la combustion du PVC des câbles a été analysée et a permis d’évaluer le risque de corrosion des structures.Modélisation :
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L’huile sous pression dans la canalisation a brûlé très vite, entrainant de très hautes flammes.
La modélisation confirme le fait que la flamme a pu atteindre la toiture.
D’autre part, la modélisation rend compte du développement du feu un peu particulier du fait de la géométrie du lieu.
Ainsi, la synergie des moyens mis en œuvre par les experts et ingénieurs du département feu et environnement de CNPP : investigations sur site, analyse de la corrosion, modélisation, a permis de comprendre ce qui s’est passé.
Plus que cela, cette ingénierie de la sécurité incendie appliquée à l’expertise après sinistre incendie est un véritable outil pédagogique que Monsieur Jullien peut utiliser auprès des autres sites.
Comme le souligne Eric Jullien, EDF a pu bénéficier grâce à ces missions :
- d’une expertise indépendante de ses propres experts incendie dans le cadre de la gestion du sinistre avec les assureurs.
- d’un rapport bien étayé techniquement sur le potentiel calorifique du sinistre, circonstancié sur les possibles causes du départ de feu, renforcé avec des scénarios animés en vidéo du déroulement du feu qui ont permis de répondre aux cabinets d’experts d’assurances,
- d’un retour d’expérience valorisé en local et au sein du réseau d’EDF : la sensibilisation à des actions de prévention vers le personnel de conduite a été bien acceptée et au niveau national, cela a permis de mettre en œuvre un plan conséquent d’actions incendie pour préserver le patrimoine.
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